Présentation de la Langue Khmère

Le khmer est une langue possédant une très forte assise historique. Toute personne intéressée par le Cambodge, son histoire et sa culture, gagnera donc à en apprendre les bases.

Au-delà du fait de pouvoir communiquer avec les cambodgiens, c’est en effet à travers l’apprentissage de la langue que l’on accède véritablement à la culture cambodgienne, car elle en est le vecteur et le principal reflet.

Le khmer

Le khmer est la langue officielle du Royaume du Cambodge. Elle appartient au groupe des langues môn-khmères de la famille des langues austroasiatiques.

By ArnoldPlaton [Copyrighted free use], via Wikimedia Commons

Le khmer est principalement parlé au Cambodge et dans les anciennes provinces de l’Empire angkorien : au nord-est de la Thaïlande par les « Khmers Surin » et au sud du Viêt Nam par les « Khmers Krom ».

C’est une langue non-tonale, contrairement au vietnamien, l’autre grande langue môn-khmer, et d’une manière générale aux autres langues asiatiques.

Le khmer est attesté dès l’époque pré-angkorienne (VIème-VIIIème siècle de l’ère chrétienne) et s’est considérablement développé pendant la période angkorienne (IXème-XIVème siècle). Il coexistait pendant ces périodes avec le sanskrit, une langue indo-européenne qui fut la grande langue littéraire adoptée par les khmers.

Lorsque le Cambodge adopta le bouddhisme du Theravada à partir du XVème siècle, le khmer s’enrichit de mots venus du pali, une autre langue de l’Inde, puis il emprunta au fil de l’histoire cambodgienne au siamois (thaïlandais), au vietnamien, au français et, plus récemment, à l’anglais.

Plusieurs centaines de mots utilisés en khmer sont ainsi issus du français, comme par exemple ស៊ីក្លូ (« cyclo »), le cyclopousse.

Structure de la langue

La langue khmère présente à la fois des facilités et des difficultés pour le locuteur occidental.
D’une part elle peut paraître assez simple car elle ne présente pas de conjugaison (l’infinitif est modulé temporellement soit par le contexte soit à l’aide d’adverbes) et très peu de déclinaisons. De plus, contrairement à la plupart de ses voisines géographiques, elle n’est pas une langue tonale : les groupes syllabiques ne changent pas de signification en fonction de l’accent.

Cependant, cette impression est trompeuse. Absence de conjugaison ne signifie pas absence de grammaire, bien au contraire, et la construction de la phrase suit une logique qui n’est pas évidente pour un occidental. A l’écrit, l’alphabet khmer est l’un des plus importants du monde :

  • 33 consonnes
  • 23 voyelles “classiques” se prononçant chacune de deux façons différentes suivant le contexte
  • 15 voyelles indépendantes pouvant être utilisées seules sans être liées aux consonnes et qui possèdent un sens significatif par elles-mêmes. Elles sont d’usage plus rare.

Un nombre important de ces consonnes et voyelles n’existent tout simplement pas dans les langues latines.

Les consonnes sont en bleu et jaune, les voyelles simples en orange (avec la place de la consonne marquée par le cadre en pointillés).

Le système de combinaison entre consonnes et voyelles, associé à l’utilisation de signes diacritiques, permet de recourir aisément à une grande richesse de sons : voyelles courtes ou longues, diphtongues…